Comment développer l’activité ferroviaire de Transdev dans un contexte d’ouverture du marché du transport de voyageurs à la concurrence ?
Pour répondre à cette question, nous avons rencontré Alix LECADRE, directrice ferroviaire France chez Transdev. Sa mission : consolider l’expertise ferroviaire de Transdev en France et accélérer le déploiement de cette activité, sur tout le territoire, à travers l’élaboration d’une stratégie de réponse aux appels d’offres différenciante.
Une ambition, devenir le principal opérateur ferroviaire alternatif en France !
Alix LECADRE
Directrice ferroviaire chez Transdev
Comment définiriez-vous votre rôle et vos responsabilités en tant que directrice Ferroviaire Transdev ?
Être directrice Ferroviaire chez Transdev, c’est conduire deux missions de concert :
- La première consiste à consolider l’expertise ferroviaire de Transdev en France, tout en étant garante de la maîtrise du métier dans nos différentes exploitations. Concrètement, c’est assurer le social ferroviaire attractif pour nos salariés.
- La seconde vise à développer l’activité ferroviaire de Transdev en France, dans un contexte d’ouverture du marché du transport de voyageurs à la concurrence. Pour cela, nous élaborons la stratégie de réponse aux appels d’offres. Deux questions structurent nos décisions : où avons-nous les meilleures chances d’emporter un marché ? Où pouvons-nous formuler des propositions pertinentes et différenciantes au regard des besoins et spécificités d’un territoire ?
Quelle est votre vision stratégique pour le développement du secteur ferroviaire chez Transdev depuis l’ouverture à la concurrence ?
Transdev s’implique depuis plus de 10 ans dans l’ouverture à la concurrence. En participant au dialogue avec l’Etat sur le cadre règlementaire de la filière, en répondant aux appels d’offres, en enregistrant des gains, nous construisons notre expertise dans la durée.
En Allemagne, Transdev est déjà le principal opérateur alternatif au transporteur ferroviaire historique. Notre ambition est d’occuper la même place en France. Nous avons d’ailleurs remporté deux des quatre marchés mis en concurrence, lesquels sont sur des modèles très différents. La première ligne, faisant le lien entre Nice et Marseille, est une ligne reliant les principales métropoles de la côte d’Azur que nous souhaitons fiabiliser et redynamiser. La seconde, de Nancy à Contrexéville, est une réouverture totale sur un territoire rural, dans le cadre d’un groupement avec NGE et la Caisse des dépôts dont le rôle est non seulement d’exploiter les services mais également de réaliser la remise en état de la ligne et sa maintenance ainsi que la gestion des circulations. Voilà qui témoigne de notre capacité à nous adapter aux spécificités des besoins et des territoires.
Nous n’avons pas vocation à répondre à tous les appels d’offres, mais à le faire auprès des régions qui veulent vraiment changer la donne et offrir de meilleures conditions de voyages.
Ouvrir un nouveau marché n’est pas simple, surtout en France. L’Autorité de la concurrence a ainsi souligné dans son avis consultatif publié en novembre 2023 la difficulté des autorités organisatrices de mobilité (AOM) à faire émerger des alternatives à l’opérateur ferroviaire historique. Les premiers retours d’expérience sur la mise en œuvre de la loi « Nouveau pacte ferroviaire » doivent être pris en compte pour faire bouger les lignes et offrir un cadre garantissant une meilleure équité entre les entreprises ferroviaires.
Transdev est historiquement un opérateur de transports urbains et interurbains par autocars. Comment Transdev a intégré les problématiques du ferroviaire au sein de l’entreprise ?
Transdev a un maillage territorial desservant les centres urbains, les périphéries ainsi que les zones peu denses. Nous exploitons tous les modes : train, métro, tramway, bus, autocar, navette fluviale, vélo et transport à la demande (TAD). Cela nous permet de proposer des solutions de mobilité adaptées aux besoins de chaque territoire en nous appuyant sur la grande diversité de nos réalisations partout dans le monde.
Surtout, nous pouvons ainsi compter sur l’expérience de nos collègues partout dans le monde pour capitaliser sur leurs expertises et leurs retours d’expérience. Nous avons ainsi pu compter sur des collègues allemands notamment qui ont contribué à construire nos systèmes d’information et à assurer une montée en compétence rapide de nos équipes d’exploitation.
Comment Transdev intègre-t-elle les nouvelles technologies, telles que les trains autonomes et les solutions de mobilité intelligente, dans ses services ferroviaires ?
Être un nouvel opérateur nous confère l’opportunité d’avoir un système d’informations intégré et complet. Nous pouvons adopter les meilleures solutions du marché sans être entravé par le poids d’un héritage technologique. Nous renouvelons les process métiers en nous concentrant sur la fiabilité des systèmes d’informations et en créant de nouveaux modes de communication au sein de nos exploitations. Cette capacité d’innovation s’applique aussi et surtout à l’information dispensée aux voyageurs.
Comment Transdev collabore-t-elle avec les autorités locales et les autres acteurs du secteur pour améliorer le service ferroviaire ?
De manière constante et très proche. C’est le fruit de la culture de Transdev qui nourrit une relation permanente avec ses clients, les Autorités organisatrices de mobilités, et de son organisation délibérément très décentralisée et territoriale. Les exploitations ferroviaires sont gérées localement. Ce qui prime toujours pour nous, c’est la réponse et l’adaptation au besoin de l’Autorité organisatrice. On applique la même méthode dans le ferroviaire.
Quels sont les engagements de Transdev en matière de durabilité et de réduction de l’empreinte carbone dans le secteur ferroviaire ?
Cela s’inscrit dans une stratégie globale. Nous cherchons, chaque fois que possible, à augmenter l’offre de transport public et la fréquentation. C’est l’un de nos plus grands défis. Le transport public a clairement un rôle clé à jouer dans la lutte contre le changement climatique (jusqu’à 30 % des émissions mondiales sont liées au transport). Embarquer plus de monde dans le transport public, c’est un impératif écologique, en plus d’être une nécessité économique et sociale.
Qu’attendez-vous de la participation de Transdev à un salon européen sur la mobilité comme le nôtre ?
C’est tout à la fois un moment privilégié de rencontres, un lieu d’échanges, un moyen pour se tenir informé, une opportunité de sourcer de nouveaux fournisseurs, une occasion de découverte de nouvelles solutions. En participant, nous créons l’occasion de nous appuyer sur l’existant pour fournir de nouveaux services.
Enarque et diplômée de Sciences Po Bordeaux et du Master TURP ENTPE/Lyon 2, Alix LECADRE est directrice Ferroviaire France de Transdev. Elle a commencé sa carrière à la SNCF en 2006 comme responsable stratégie et conventionnement des TER Champagne-Ardenne et a ensuite occupé divers postes, notamment à Régions de France et à la Région Pays de la Loire. Après avoir été responsable relations institutionnelles et concertation à la direction territoriale SNCF Réseau Bretagne/ Pays de la Loire, elle choisit en 2016 de passer le 3ème concours de l’INSP (ex-ENA) et devient administratrice de l’Etat au Ministère de l’Economie et des Finances. De 2020 à 2022, elle est conseillère Infrastructures et mobilités auprès de la ministre Jacqueline Gourault.