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MobiliTalks : plongez dans les coulisses de la Direction du Matériel Roulant Ferroviaire de la RATP

Pour ce nouveau numéro de MobiliTalks, on vous fait découvrir le travail essentiel de la direction du Matériel Roulant Ferroviaire de la RATP. Maintenance et modernisation du parc, sauts technologiques, innovations industrielles, préparation aux Jeux Olympiques : Côme BERBAIN, son directeur, vous explique tout !



Côme BERBAIN
Directeur du Matériel Roulant Ferroviaire
à la RATP

Vous venez de prendre vos fonctions en tant que directeur du Matériel Roulant Ferroviaire à la RATP, pouvez-vous nous dire en quoi consiste votre rôle ?

Notre mission consiste à garantir la disponibilité, la performance et la sécurité du matériel roulant ferroviaire pour les plus de 8 millions de Franciliens qui empruntent chaque jour les lignes de métro et de RER.

Nous agissons sur l’ensemble du cycle de vie des trains : des spécifications initiales à la fin de vie 50 à 60 ans plus tard en passant par l’acquisition auprès des constructeurs, leur maintenance quotidienne, la gestion des évolutions et les opérations de rénovation. Le tout, en optimisant le coût de possession global du train. Au-delà du train, nous gérons également les méthodes et les outils de maintenance comme les ateliers qu’il faut adapter à chaque nouvelle génération de train.
Avec nos 3 300 experts en maintenance, ingénierie et projets nous assurons la maintenance d’environ 1 100 trains en nous appuyant sur nos forces majeures : l’excellence technique, le sens du service public et l’implication de chacun.

Actuellement nous sommes engagés dans un effort inédit pour Ile-de-France Mobilités de renouvellement du parc de tram, métro et RER avec 50 % du parc qui sera remplacé au cours des 10 prochaines années. C’est déjà le cas sur les lignes 4, 11 et 14 avec l’arrivée des MP14.

Au-delà de ce rôle historique, nous soutenons également les développements du groupe RATP en apportant notre expertise en maintenance et en ingénierie.

Comment votre direction intègre-t-elle concrètement les défis industriels et environnementaux lors de la maintenance et la modernisation du matériel roulant ? Quelles actions spécifiques avez-vous prises pour atteindre ces objectifs ?

Les métiers de la maintenance sont fondamentalement des métiers industriels : nous utilisons des équipements industriels adaptés à nos trains et qui permettent la meilleure qualité de vie au travail possible pour nos agents dans des ateliers dont la taille est parfois très contrainte. Ces ateliers sont par ailleurs insérés dans le tissu urbain francilien et même parisien pour une partie d’entre eux, ce qui représente un vrai défi, celui de marier industrie et insertion urbaine.

Par ailleurs, nous réalisons nous même la maintenance dite patrimoniale dans des ateliers qui intègrent le meilleur des pratiques industrielles actuelles : lignes de production, logistique intégrée, Lean management, connectivité internet, tablettes pour les agents, ingénierie numérique, réalité augmentée et impression 3D.

La modernisation des matériels roulants ou leur renouvellement sont l’occasion de sauts technologiques parfois impressionnants : sur la ligne 11, dans le cadre du prolongement, nous sommes en train de terminer le remplacement des MP59 des années 60 par les MP14 qui sortent des chaînes de production. Tant sur le plan mécanique qu’électronique ou informatique, c’est un saut technologique complet qu’il faut absorber en adaptant nos organisations, nos ateliers et nos méthodes de maintenance et en formant massivement nos agents. C’est une des richesses de notre métier de maîtriser plusieurs générations de technologies.

Le défi environnemental est également une de nos préoccupations. Côté matériel roulant, nous augmentons le freinage électrique sur nos rames et développons des semelles de freins moins émissives en matière de particules. Côté activités, nous créons ou aménageons de nouveaux ateliers intégrant végétalisation et sobriété énergétique et hydrique.

Parlez-nous des initiatives d’innovation participative dans votre direction pour améliorer cette maintenance et modernisation du matériel roulant ? Et comment celles-ci ont contribué aux défis opérationnels ?

Nous avons historiquement une véritable culture d’innovation participative. Chaque salarié est encouragé à proposer des idées pour améliorer la sécurité, les conditions de travail, l’efficacité quotidienne et le service rendu. Tous les agents quelle que soit leur activité sont concernés par cette démarche : qu’il s’agisse des ingénieries, de la maintenance ou des fonctions supports.

Nous contribuons à l’effort d’innovation du Groupe, en explorant aussi le potentiel des technologies d’assistance physique qui participent à réduire la pénibilité de certaines tâches et améliorer la qualité de vie au travail de nos salariés. L’utilisation d’exosquelettes dans nos activités de maintenance, ou la réalité virtuelle pour la formation et la conception de nos futurs ateliers de maintenance contribuent à cet objectif.

L’innovation passe aussi par l’intégration de nos retours d’expériences quotidiens lorsque nous préparons l’arrivée de nouveaux matériels roulants, ainsi que par le test de nouvelles solutions pour améliorer notamment le confort voyageur.

Comment votre équipe gère-t-elle les défis de la maintenance préventive et corrective tout en maintenant un service de qualité pour les exploitants et les usagers du réseau RATP ?

Pour maintenir un service de qualité, nos équipes effectuent quotidiennement des opérations de maintenance et des dépannages. Chaque année, des milliers d’entretiens sont réalisés pour garantir la disponibilité et la pérennité de nos trains. Nous assurons également une traçabilité complète des pièces et adaptons les gammes de maintenance pour optimiser la durée de vie des trains pouvant aller jusqu’à 50 ou 60 ans.

De plus, depuis les années 2000 avec l’arrivée des dernières générations de trains, nous utilisons l’intelligence artificielle pour optimiser la maintenance et surveiller les fonctions essentielles, comme la gestion des portes, l’information voyageur ou la ventilation réfrigérée.

Nous développons également des systèmes extérieurs aux trains pour surveiller et alerter en cas de pannes : c’est le cas notamment des pantographes qui sont surveillés à la fois pour optimiser le remplacement des bandes carbones mais aussi pour détecter d’éventuels dommages qui viendraient perturber l’exploitation.

Nous sommes en pleine actualité des Jeux Olympiques, quels sont leurs impacts sur la maintenance des matériels roulant ferroviaires ?

En matière de maintenance, les Jeux Olympiques et Paralympiques ont déjà commencé. Depuis plusieurs mois, nous anticipons une grande partie de la maintenance et mettons en place des plans de fiabilité dédié à certains matériels de manière à disposer de trains dans les meilleures conditions possibles au moment des épreuves.

Nous adaptons également les trains pour répondre aux besoins des voyageurs qui ne seront pas exactement les mêmes qu’en période normale, notamment la signalétique et les informations de sonorisations à bord. Nous veillons aussi particulièrement aux systèmes de ventilation ; sur la ligne 9 par exemple, un plan d’actions a déjà été lancé visant à réviser l’ensemble des ventilations.

Les JO sont aussi synonymes de déplacements modifiés pour nos agents : nous adaptons nos organisations et notre logistique pour tenir compte des restrictions de circulations notamment sur un de nos ateliers qui est situé aux pieds de l’un des stades utilisés pour les épreuves.

Enfin en cas d’incident pendant la période olympique, nous devons être capables de réagir au plus vite. Pour cela, nous renforçons et nous prépositionnons des moyens de dépannage et de remédiation en différents endroits de l’Ile-de-France.

Côme BERBAIN, ingénieur du corps des mines et docteur en cryptographie, a un parcours varié entre entités privées (Orange, Trusted Logic) et publiques (ministère de la défense, ANSSI, direction interministérielle du numérique), dans les domaines de la transformation numérique et de la cybersécurité.

En 2019, il rejoint le groupe RATP en tant que directeur de l’innovation, où il contribue au développement du programme de véhicule autonome. Il pilote également les programmes IA, robotique et Smartercity, avec des projets autour de la traduction instantanée en multi langues, la vision artificielle, notamment, la mesure en temps réel de l’affluence, l’utilisation d’exosquelettes ainsi que le développement des bus à hydrogène. Depuis le 15 avril 2024, il occupe le poste de directeur du Matériel Roulant Ferroviaire, une organisation qu’il connaissait déjà depuis un an, où il traite des sujets de stratégie et de développement.